Publié le 27/04/2017 à 09:29
On parle de plus en plus des liens entre la composition de notre «microbiote» et le développement de maladies comme la sclérose en plaques (SEP). Mais de quoi s’agit-il exactement? Décryptage.
Le terme «microbiote» désigne l’ensemble des micro-organismes (virus, bactéries, champignons…) qui cohabitent dans notre organisme, et en particulier dans nos intestins. «Plus de 90% des bactéries qui nous colonisent vivent au sein de notre système digestif!», indique le Dr Vincent van Pesch, chef de clinique associé en neurologie aux Cliniques universitaires Saint-Luc. «Il s’agit d’une population extrêmement diversifiée, constituée de plusieurs milliers d’espèces différentes. La plupart d’entre elles vivent en symbiose avec leur hôte et n’entraînent pas de maladie.»
«La thématique du microbiote est longtemps restée une énigme pour les chercheurs en raison de la difficulté à identifier et caractériser les bactéries qui le composent», explique le Dr van Pesch. Mais l’évolution récente des techniques de séquençage génétique a permis de lever un coin du voile sur ce qui se trame dans nos intestins…
Des études réalisées sur la souris en 2008 ont montré que la composition de leur microbiote avait une influence sur leur susceptibilité à la SEP. «La maladie ne pouvait pas se déclarer chez les souris élevées en laboratoire dans des conditions stériles sans microbiote. Mais si l’on réintroduisait une flore microbienne chez ces rongeurs, on restaurait leur susceptibilité à la SEP», détaille le Dr van Pesch.
«On savait déjà que notre muqueuse intestinale abritait des cellules immunitaires capables de s’activer en cas d’agression extérieure. Ces études plaident en faveur d’un lien entre l’activation locale de ce système immunitaire intestinal et des effets "à distance", sur l’immunité globale», poursuit le Dr van Pesch.
D’autres études vont encore plus loin. «On a ainsi découvert qu’en fonction du type de microbiote, l’immunité pouvait être activée de plusieurs manières différentes. Certaines bactéries engendrent un état inflammatoire qui accroît la susceptibilité de la souris à développer la maladie. D’autres, au contraire, diminuent l’activation du système immunitaire.»
«Les premières études suffisamment fournies sont extrêmement récentes; elles remontent à 2016», indique le Dr van Pesch. «Les chercheurs ont mis en évidence des différences entre la flore microbienne intestinale de patients SEP et celle de personnes contrôles1,2.»
Le Dr van Pesch incite toutefois à la prudence: «Ces études ont été réalisées sur de petites cohortes de patients, chez qui la SEP était installée depuis plusieurs années. Il est dès lors difficile de savoir si ce que l’on a observé tenait davantage de la cause ou de la conséquence de la maladie. La SEP entraîne notamment des troubles du transit qui modifient la composition de la flore microbienne intestinale, indépendamment de la maladie en tant que telle. Les variations dans le microbiote résultent-elles de ces troubles du transit ou constituent-elles un facteur susceptible de favoriser le développement de la maladie?».
«Pour obtenir des résultats probants, nous aurons besoin de plus grandes cohortes de patients, qui seront suivis dès que la maladie est détectée et sur le long cours afin de s’assurer que les résultats obtenus sont reproductibles dans le temps», souligne le Dr van Pesch. «Les chercheurs qui réaliseront ces études devront caractériser la flore microbienne des patients de manière très rigoureuse, en tenant compte de leur régime alimentaire, des médicaments qu’ils prennent, de leur IMC (indice de masse corporelle)… Autant de paramètres qui interviennent dans la composition du microbiote.»
«Si l’on se base sur les résultats obtenus chez l’animal, tout semble indiquer qu’il est opportun de poursuivre ces recherches pour l’homme», estime le Dr van Pesch. «Étudier le microbiote nous aide à mieux comprendre les mécanismes via lesquels il peut moduler l’immunité mais aussi ce qui influence cette flore intestinale. À cet égard, il apparaît de plus en plus évident que l’alimentation joue un rôle prépondérant dans la composition du microbiote.»
Ces connaissances de plus en plus pointues peuvent aussi ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques. «Les réflexions sur le microbiote déboucheront certainement sur l’élaboration d’approches complémentaires aux traitements de la SEP», prédit le Dr van Pesch. «Nous pourrons en outre personnaliser les interventions en fonction de la flore microbienne de chaque patient afin de leur proposer la réponse la mieux adaptée à leur situation particulière.»
Et en termes de prévention? «Il est vrai qu’on conseille aux enfants de personnes atteintes de SEP une supplémentation en vitamine D dès leur plus jeune âge parce qu’on pense qu’une carence en cette vitamine peut avoir une incidence sur le risque ultérieur de développer la maladie. On pourra sans doute un jour imaginer une approche similaire avec la flore microbienne intestinale», indique le Dr van Pesch.
Aude Dion
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